Quand je suis arrivée en France j'ai été comme Alice au Pays des merveilles. Tout me paraissait étrange et fascinant. J'ai commencé mon intégration par transformer mon image. J'avait déjà la qualification de professeur de la langue et de la littérature anglaises et françaises (en Russie), donc je pouvait me permettre de me concentrer sur le superflu, après avoir acquis l'essentiel.
Voilà ce que j'ai emprunté aux françaises:
- la petite robe noire (no comments)
- des bijoux fantaisie, car contrairement à ce qu'on pourrait croire, la femmes russes n'aimaient que des petits bijoux discrets en or ou argent et en pierres précieuses (en tout cas c'était comme ça il y a quelques années ). Se couvrir de "faux" bijoux était presque un signe de mauvais goût. En quelques années de ma vie française (7 ans exactement) je me suis constitué une collection impressionnante de bijoux fantaisie , achetés principalement au rez-de-chaussée des Galéries Lafayette (ma petite adresse secrète parisienne).
- le sac Chanel
J'ai mis du temps pour commencer à l'apprécier. Je me souviens qu'un jour ma copine russe m'a amenée voir "ces fameux sacs à 10000 francs" et on se disait toutes les deux : "comment peut-on payer une somme pareille pour un sac aussi quelconque?" . J'ai changé d'avis plus tard.
- les escarpins Christian Louboutin (un coup de foudre! )
-les ballerines Répetto (une relation sérieuse et mûrement réfléchie, sans trop de passion)
- des écharpes et des foulards portés comme des accessoires (autrefois j'avais deux écharpes en laine pour l'hiver, car pour moi une écharpe ne se portait qu'en hiver; maintenant j'ai deux tiroirs remplis d'écharpes de toutes les couleurs, de toutes les textures pour toutes les saisons).
- l'art de superposer les vêtements (so french!)
- ce petit air hypocrite qui semble dire: "j'ai enfilé ce qui m'est tombé sous la main en toute vitesse et c'est une pure coïncidence que tout soit harmonieux!"
- j'ai commencé à avoir peur d'être "overdressed"