samedi 27 mars 2010

Dandysme



« C’était une époque où la fréquentation des grands élégants comme Philippe Noiret m’avait un moment fait sombrer dans un dandysme dépressif presque pathologique où la question de l’existence du Dieu passait bien après le choix de la couleur de mes cravates. Je passais délicieusement mon temps à débusquer les cravates faites machine, et non à la main, dans les magasins dits « de luxe », et je leur mettais sous le nez la déchéance de leur confection. J’avais une belle collection de John Lobb, les chaussures d’un fabricant anglais qui avait été dispensé de faire la guerre par la reine car l’Angleterre voulait conserver son meilleur chausseur.

J’avais trouvé un livre, Le Chic anglais, une espèce de bible qui contenait tous les secrets de l’élégance masculine britannique. Secrets que beaucoup ignoraient. Deux races y étaient décrites, les Troggy et les Charly, ceux qui croient être élégants et font rire, et ceux qui croient être initiés. Jamais un blazer avec un pantalon gris- d’après la bible, ça faisait vendeur d’un grand magasin -, toujours avec un pantalon blanc de marin ou une culotte de joueur de polo. Le blazer se met en vrac dans un sac de sport et on le sort après le match pour être présenté à la reine. C’est pas beau ça, pour un petit gars de Belleville comme moi ? Jamais au grand jamais un costume en prince-de-galles ou une veste en tweed pour aller à une course à Longchamp ou à Deauville, mais toujours un costume bleu marine avec un chapeau de paille ou autre, mais plutôt marron . Jamais un costume marron, en revanche, « Brown is sheet » : rien de plus vulgaire pour un gentleman, l’horreur absolue. Un gentleman ne porte pas non plus de lunettes de soleil, un gentleman cligne des yeux. La cravate peut être tachée, les manchettes des chemises légèrement usées, mais les chaussures doivent être parfaitement propres et cirées. Toujours prendre une largeur de moins et une pointure de plus pour ne pas avoir des pieds de petit bourgeois. Le pli du pantalon, on s’en fout car il signe l’empilement de la confection. Un pantalon ça se repasse une fois tous les six mois chez son tailleur et il peut tirebouchonner sans complexes. Les costumes rayés gris ou bleu marine doivent avoir des rayures très larges, exactement comme les costumes de gangsters des années trente. Plus les rayures diminuent, plus le poste de celui qui les porte est subalterne dans la banque, pour finir comme les lignes des livres de comptes des employés les plus modestes. Quand au Barbour – la fameuse veste de chasse -, il y avait plusieurs pages pour décrire celui d’un homme s’étant noyé dans le lac du Loch Ness et qui, retrouvé par son petit-fils trente ans plus tard, avait juste la patine nécessaire pour être convenable.

Lorsque les Anglais se montrent aussi futiles, je leur pardonne Mers el-Kébir et Jeanne d’Arc. Et quand j’apprends que le dandy Brummell mettait un costume différent chaque jour selon la couleur des feuilles dans le jardin, pour moi ça frise le génie et le désespoir, comme un pied de nez à l’ennui et à la mort.

Inutile de vous dire que j’ai brillé dans la société avec ma bible seulement pour rigoler car ma vulgarité naturelle me ramène toujours aux chaussures bicolores façon souteneur et aux cravates de hareng que portent les vrais hommes à Pigalle.

Un jour je suis invité chez Hermès, là-haut au dernier étage, faubourg Saint-Honoré, là où il y a quelques rangs de vigne sur le toit, et je fais mon exposé sur l’élégance devant une assistance assez stupéfaite. Mais des scrupules me poussent à dévoiler mes sources et à révéler par la même que je suis un affreux mystificateur. À un moment ou à un autre, chez moi, le vernis craque et le zonard apparaît avec tout l’exotisme du dix-neuvième arrondissement. Je leur ai donc indiqué ma bible et je pense que les stylistes de la maison en ont tenu compte pour leur collection.

Les acteurs changent de peau comme les serpents qui muent. Il ne faut jamais en faire des arbitres de l’élégance. Pour moi, dans un film, le costume a une importance primordiale. En l’enfilant la première fois, si la costumière n’a pas fait d’erreur, le ton est déjà donné, il n’y a plus qu’à se laisser aller.

Un jour j’ai tout vendu aux Puces de Saint-Ouen ; c’était annoncé dans le journal et tout est parti en une demi-heure. J’étais du même coup guéri de ma maniaco-dépression à tendance fétichiste. »

Guy Marchand

Extrait du livre "Le Guignol des Buttes-Chaumont"

lundi 22 mars 2010

Désuétude





La désuétude exprime le fait de ne plus être utilisé, de ne plus être en phase avec la société contemporaine. Certains accessoires du passé ont un charme et une grâce particuliers. Je me demande pourquoi ils sont tombés aux oubliettes. Et je ne comprends pas pourquoi les femmes d'aujourd'hui ne portent plus les voilettes. Cet accessoire élégant, raffiné et mystérieux devrait faire partie des basiques indispensables au même titre que le jean...

jeudi 18 mars 2010

"Arrête-moi si tu peux"

La journée est faite de 1440 beaux moments. Le plus souvent ces moments nous échappent parce que nous n'avons pas le temps de les remarquer. L'appareil photo offre le plaisir subtil de ressentir le temps qui passe. Quelques notes nostalgiques (une voiture ancienne, une robe rétro, une bonne vieille carte à la place de GPS) changent complètement le regard sur le quotidien, sur la modernité et ajoutent une note délicieusement surannée au style de vie. J'ai arrêté le temps à ma façon. Le passé n'existe plus, l'avenir n'existe pas encore, le présent c'est l'éternité.



dimanche 14 mars 2010

Black tie



Je piquerais volontiers un seul accessoire dans le dressing masculin: la cravate. La cravate noire c'est le chic instantané garanti!

jeudi 4 mars 2010

Rétro


Je suis marquée à tout jamais par l'esthétique du cinéma noir. Je m'inspire souvent des héroïnes de ces films, belles... comme la nuit.


mardi 2 mars 2010

Plaisir photographique


Je me suis passionnée par la photographie au point de délaisser le shopping et la mode! (:lol:).
Je me demande comment j'ai pu passé à côté de cet univers pendant des années. J'ai appris beaucoup de choses depuis l'achat de mon Canon EOS 40D il y a quelques mois et j'ai encore un long chemin à faire avant de réaliser mon rêve: ne plus penser à la technique et pouvoir me concentrer sur l'essentiel, sur la magie de l'instant.
Je vais créer une nouvelle rubrique sur mon blog pour partager mon expérience de photographe débutant, car je sais que parmi mes lecteurs il y a des passionnés de la photographie.

P.S. La photographie qui illustre ce billet est l'une de mes premières tentatives de créer un éclairage studio chez moi avec des moyens plus ou moins accessibles.
A suivre...

Style and the country